«Avons-nous un Saint-Esprit dans cette classe» ?
«L’école est un deuxième foyer» qui glace
D’effroi les chérubins figés à leur place.
Une leçon mortellement drôle, efficace
Qui, tous nos souvenirs scolaires, remplace.
«Théâtre Essaïon», la danse de grimace
Tangue en tango qui, la dureté, efface.
Écrite en pleine dictature militaire
Au Brésil, la pièce fustige l’arbitraire.
Écriture très directe et autoritaire
Pour mieux combattre ceux qui nous forcent à nous taire.
Un texte extrêmement fort, riche, passionnant,
Foisonnant, d’une authentique véracité,
Tracé au scalpel et avec férocité,
Servi par une actrice au jeu très détonnant.
Des propos puissants, drôles et irrésistibles
Dont la terrible et brutale ascension comique
Perturbe et fait sauter un à un les fusibles
Par des mimiques et ruptures de tons cosmiques.
Du langage le plus châtié,
On glisse aux propos non châtrés
Qui refusent avec héroïsme
L’acceptation du despotisme.
La nouvelle maîtresse,
Madame Marguerite,
Du savoir, la prêtresse,
A le plus grand mérite.
Afin de mieux dénoncer la tyrannie,
Elle l’exerce sur les petites vies.
Pour affirmer sa toute puissance,
Son maître-mot est l’Obéissance !
Qui sont les plus méritants ?
Ceux qui sont obéissants !
«L’obéissance, la reine de toutes vertus» ;
«Sans discipline, pas de progrès possible», vu ?
«Je commande, vous obéissez», et rien de plus !
Sur toutes ces jeunes têtes,
Elle règne et puis tempête.
«Entre ces quatre murs, vous n’avez aucun pouvoir»,
«C’est comme si vous n’existiez pas» ; faut le savoir !
Mais Madame Marguerite est intemporelle …
Sur les enfants de dix ans elle étend ses ailes
Et elle les éduque avec beaucoup de zèle.
Elle se surpasse et les élève vers elle.
Elle reporte sa souffrance
Sur les petites existences.
Toutes les «Marguerite»du monde
Portent le même nom
Car tous les vils dictateurs immondes
Ne méritent qu’un NON !
La comédienne opte pour un ton de folie
Qui déclenche l’hilarité dans le déni
De s’exprimer librement ou être puni.
Se taire et ne jamais commettre de délit.
Béatrice Chaland / b.c.lerideaurouge
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«Madame Marguerite». L’école n’est pas finie … Texte Roberto Athayde. Mise en scène Michel Giès. Interprétation Émilie Chevrillon. Par la Compagnie «Léman Scenic Créations». (Paris, 19-12-2023, 21h00)★★★
«ANSELM». Le bruit du temps. Documentaire de Wim Wenders (2023, 1h33). Vie et œuvre d’Anselm Kiefer. Poèmes de Paul Celan. Huitième Festival des Rencontres avec le Cinéma allemand. (Chamonix, Cinéma Vox, 19-11-2023, 18h00)★★★★★
Blanches robes enracinées au soleil levant,
Érigées vers un univers en maints fragments,
Et qui supportent les déchirures du monde
Où des débris de vitres et barbelés abondent.
Anselm Kiefer entasse dans son colossal
Atelier toutes matières originales
Nécessaires aux créations toutes virginales.
D’immenses fresques et d’authentiques constructions
S’abreuvent de géniaux chantiers de destruction.
Une infinie poésie s’élève des œuvres
Qu’avec habileté il triture et manœuvre.
Il enflamme ce qui dérange,
Met le doigt là où ça démange !
Intense purification
Où s’encre à jamais la fusion.
Des bleus d’outre-tombe et des bruns tumultueux
S’enchaînent en vastes paysages noueux.
«Plongeant dans la blessure ouverte d’Allemagne»,
Il arpente les forêts touffues et campagnes.
Artiste complet, maîtrisant des disciplines
Qu’il associe pour créer ses pièces d’usine
Dans une grandiose alchimie qui se cuisine,
Il nous entraîne dans sa majesté divine.
Un travail titanesque
Qui devient gigantesque.
«Un briseur de tabous»
Qui veut rester debout !
Du chaos, naît la lumière.
Aux hommes, «il tend un miroir»
Pour affronter l’anti-gloire
Et rafraîchir la mémoire
Pour qu’on n’oublie pas hier.
«Art et mythologie»,
Contre démagogie,
Ouvrent un monde nouveau
Aux engageants propos.
En Allemagne et en France,
Il met tout en évidence,
Les profondes mutilations,
L’avenir en fissuration.
Il sculpte et peint une puissante réflexion
Et façonne l’immensité au plus profond.
Il sonde la pensée humaine en ses recoins,
L’obligeant à faire face aux ombres des coins.
Il véhicule ses idées en continu
Dans son «insoutenable» quête d’absolu.
Une soif inextinguible de vérité,
Issue de démesure et de ténacité.
«Un banni, toujours en chemin»
Vers l’inatteignable lointain.
Un fabuleux équilibriste
Que Wim Wenders remet en piste.
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«Hommage à Catherine Lachens (1945-2023)». (Chamonix, 27-09-2023 et 07-10-2023)
Elle était quelqu’un de profondément humain,
Rayonnante et qui avait le cœur sur la main
Déployée vers ses racines et vers son prochain.
Festoyant d’huîtres et de reblochon de Savoie,
Y posant la diction parfaite de sa voix,
Elle enjolivait tout par ses surprenants choix
Rompant la monotonie des chemins de croix.
Elle aimait s’habiller en léopard des neiges …
Avant que sa passionnante vie ne s’abrège.
Deux covids longs, métastases jusqu’au cerveau
Achevèrent l’écriture au dernier tableau
De mise en forme pour un futur scénario.
Plus d’une centaine de films à son actif,
Courts et longs métrages, réalistes ou fictifs,
Téléfilms, séries, lui offrirent un objectif
Qui mit en valeur une éblouissante actrice,
Une admirable interprète jamais factice.
Voyageant partout, sans quitter sa bicyclette
Qu’elle chevauche par monts et par vaux en fête,
Le Conservatoire National d’Art Dramatique
La récompense, après seulement deux ans épiques,
Par quatre exceptionnels premiers prix : en classique,
Contemporain, étranger, diction. Véridique !
Élève de Cochet, Vitez et Manuel,
Cathy devient très vite une professionnelle,
Merveilleuse comédienne aux publicités
Que les réalisateurs ont plébiscitée.
L’ont dirigée, entre autres, Deray, de Broca,
Campaneez, Lautner, Chabrol, Balasko, Tchernia,
Jouant souvent avec de prestigieux acteurs
Dont elle partagea l’affiche avec bonheur.
Au théâtre, mise en scène par les plus grands,
Mesguich, Planchon, Maréchal, Wajda, en leur temps,
Son répertoire, en nombreux domaines, s’étend.
Son condisciple et ami, qu’est Francis Huster,
L’accompagne jusqu’à sa mise en bière et terre,
Ainsi que d’autres célébrités de tournage,
Lui rendant un ultime et prestigieux hommage.
Catherine, mon amie, tu nous manques à tous.
Ton franc-parler, ta générosité, me poussent
À sans cesse penser à nos moments passés
À discuter, réveillonner, nous surpasser.
«Cinéma Vox», hommage lui sera rendu
Dans la salle qui désormais porte son nom.
Mardi sept novembre, un florilège est prévu.
Catherine voulait que l’on festoie à fond,
Que l’on s’amuse, évoquant ce qu’elle a vécu.
Qu’une gerbe de roses devant ton perron
Embaume encore ton parcours interrompu !
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«Six Amours». Aujourd’hui, personne ne meurt. Texte, Mise en scène, Interprétation Vincent Mignault. Co-mise en scène, Jeu Julie Macqueron. Et avec E. Birsel, M. Duboclard, P. Valy, N. Fourdan, D. Lepage, L.E. Nézan. Par la «Compagnie Je suis ton Père». (Avignon, 29-07-2023, 21h25)★
«Six amours» célèbres : Roméo et Juliette,
Roxane et Cyrano à l’âme de poète,
Camille et Perdican, ne sont plus à la fête.
Voulant changer leur destin, elle entre en leur tête,
Cette doctoresse qui, sur l’amour, enquête.
Redonner vie à ces personnages mythiques
Les met au pied de nouvelles problématiques.
De ces héroïnes que l’on caricature,
De ces héros de cape et d’épée d’aventures,
Ne reste que leurs noms et leurs déconfitures.
De leur passion, ils sentent encore les morsures,
Ne parviennent pas à apaiser les brûlures.
Ils débarquent tous, dans notre époque actuelle,
Au «Roseau Teinturiers». Leurs souvenirs cruels
Ont traversé l’onde d’un langage informel
Dont la sensible poésie s’est fait la belle.
La neurologue, en quête d’étude nouvelle,
Dépose, pour sa recherche, l’O.N.D.E. en label,
Jouant aux hormones de la vie passionnelle.
O – de l’Ocytocine
N – Noradrénaline
D – de la Dopamine
E – des Endomorphines
«Que reste-t-il des amours» de littérature
Quand se fige l’encre d’éternelle écriture ?
Faut-il les sortir de leur cercueil poétique,
Leur créer une seconde vie romantique
Et leur composer un avenir mirifique ?
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«À la ligne». D’après l’œuvre de Joseph Ponthus. Mise en scène Jean-Philippe Daguerre. Adaptation Xavier Berlioz, Frédéric Waringuez et Grégoire Bourbier qui l’interprète. Création musicale Tonio Matias. Guitare Valerio Zaïna.Par la compagnie «Le Grenier de Babouchka». (Avignon, 29-07-2023, 19h20)★★
«Comme on irait à l’abattoir», on va à «l’usine»
De mort aux odeurs nauséabondes d’urine,
De sang collé sur les engrenages des machines.
Comme à la «guerre, en première ligne», on décline.
Une ode musicale au travail à la chaîne
Parmi les carcasses qui tombent et se déchaînent.
Aux «Béliers», l’acteur prend le taureau par les cornes,
Affaibli quand le patron dépasse les bornes.
Rôle intense qui reprendra, à «La Huchette»,
Entre deux massacres de bêtes, à la machette.
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«Confidences d’un illusionniste. Conception, Écriture, Mise en scène, Jeu Rémi Larrousse. Mise en magie Maxime Schucht, Sylvain Vip. (Avignon, 29-07-2023, 17h30)★★★
La «magie» par une nuit d’orage éblouit
Comme la flamme mystérieuse des bougies.
Voix qui «crée l’impossible» avec «un coup d’avance»
Et détourne, dures comme fer, les croyances.
«Magie ? Perception de celui qui la regarde !»
Les chiffres et les mots sur lesquels il s’attarde,
D’admirables cartes qui démasquent ou qui fardent …
Quand votre mémoire joue des tours, prenez garde !
«Mettre de côté» l’ensemble des «certitudes»,
Retrouver son regard d’enfant sans habitudes.
«Fissurer nos certitudes» en enchantement
Pour que renaisse en nos cœurs l’émerveillement.
«Théâtre des Béliers», on passe un bon moment !
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«Mata-Hari ou la justice des hommes». Texte Marc Fayet. Mise en scène Delphine Piard. Interprétation Ariane Mourier, Olivier Claverie, Bruno Paviot, Maud Le Guénédal. (Avignon, 29-07-2023, 15h35)★★★
«Mata-Hari», très belle,
«Mata-Hari», rebelle,
Aux «Béliers» se délasse,
Puis «Petit Montparnasse».
Justice militaire
Qui la jette par terre.
Fine oiselle encagée
Par l’amour engagée
Et l’argent dégagé.
Créatrice de danses,
Tout son corps se balance
En îlot de plaisir
Suscitant le désir.
Ses amants l’abandonnent
Malgré ce qu’elle donne,
Ne la soutiennent plus
Dans sa prison, déchue,
N’étant plus reconnue.
Sa défense est perdue.
Majestueuse fin
Dans un envol divin.
Le capricieux destin
Jalouse les pantins
Qui visent les étoiles
Pour en broder leurs voiles.
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«Frère(s)». Écriture, Mise en scène Clément Marchand. Interprétation Jean-Baptiste Guinchard, Guillaume Tagnati. Par la «Compagnie du Chemin Ordinaire, ACME, Pony». (Avignon, 29-07-2023, 12h00)★★★★
«La première qualité d’un apprenti cuistot»
«C’est de savoir fermer sa gueule» et ne dire mot.
À «La Scala», «vivre une extase culinaire»
Auditive a la saveur extraordinaire
Des amitiés qui s’évanouissent dans l’air
Pour revenir, corsées, au sortir de l’enfer.
Du grand art dans la gastronomie littéraire !
Ce spectacle étoilé au guide de la faim
Nous met en appétit du début à la fin.
Une formidable course sans aucun frein
Bat puissamment la chamade en faisant le plein
De goûteux ingrédients restant comme un refrain
Gravé dans la tête du public plein d’entrain.
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«Paris-Varsovie». Cabaret musical. Conception, Interprétation, Chant Ewunia. Piano Yves Dupuis. Par les «Scènes Tchankées». (Avignon, 29-07-2023, 13h45)★★
«L’amour te pardonnera tout … ou te tuera».
Elle enchante l’«Atypik» de son âme slave
Et, de ses mots mélodieux, on devient esclave.
Envol de sons et de paroles colorées
Haut perchés pouvant redescendre tout en bas
Jusque dans les cales d’un bateau polonais
Où la tendresse oubliée, brusquement, renaît.
Voyage musical sous lumière dorée.
«L’âme slave, la dolce vita, la joie de vivre»
Figurent d’éternels leitmotive qui enivrent.
Un accompagnement pianistique de talent
Projette sur la Vistule des perles de vent.
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«Pauline et Carton». Textes de Pauline Carton. Adaptation Virginie Berling, Charles Tordjman qui met en scène et Christine Murillo qui joue et chante. (Avignon, 29-07-2023, 10h15)★★
À quatre-vingts ans, elle conte ses mémoires.
Récit fort drôle où prennent place les déboires.
Joyeuse lucidité au fil des histoires
Passées au crible par les trous de la passoire
Qui filtre les mots oubliés dans les tiroirs
De la pensée qui s’envole vers «La Scala»
Qui les extirpe de leur magique cabas.
On passe un bon moment avec les souvenirs
Qui font un «carton» de tous ces menus plaisirs.
Une interprétation naturelle et sensible
De ce collier d’anecdotes irrésistibles.
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«Boléro». Musique Maurice Ravel. Chorégraphie, Interprétation, Gilles Verièpe. Danse, Jeu Yulia Zhabina. Par la «Compagnie DK 59». (Avignon, 28-07-2023, 10h40)★★★
Qu’il est difficile de renouveler l’art
Du «Boléro», de construire un autre départ
Et se confronter aux illustres interprètes
Aux pas gravés sur mille vidéo-cassettes
Et admirés par des milliards sur internet.
À «Présence Pasteur», le chorégraphe marque
Son territoire, se mettant à la portée
D’un jeune public, sans toutefois répéter
Les gestes auxquels les danseurs sont habitués.
Adaptation souple et de grande qualité,
Spectacle réussi, en fine sensualité.
Cette prestation, totalement, se démarque
Des reprises par son originalité.
Ce duo, par son sens créatif, nous embarque.
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«Coup de Sifflet». Écriture, Mise en scène François Rivière. Collaboration Edwige Desprès, Agathe Mondani. Interprétation Yann Coeslier, Aurélie Camus, Alexandre Lucas Bécart. Par la «Compagnie Les Intimes». (Avignon, 26-07-2023, 10h30)★★★
«La femme de l’ombre» auprès du grand directeur
Est sous son emprise et pas sous les projecteurs.
Mise plus bas que terre par ce détracteur,
Elle déterre son passé révélateur.
«Battue, humiliée, trompée» par ce producteur
De pièces cachant son rôle provocateur,
Elle tisse sa toile autour du saboteur
De sa vie greffée à ce «collaborateur».
Un suspense haletant au «Théâtre Optimist»
Où l’on explore à fond les tortueuses pistes.
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«Ceux qui restent». Écriture, Mise en scène, Interprétation Camille Prioul. Collaboration Cécile Ghrenassia. Et avec Tatiana Djordjevic, Pablo Gallego, Muriel Michaux, Anne de Peufeilhoux. Par la «Compagnie PLOP». (Avignon, 25-07-2023, 19h35)★★
«Théâtre du Roi René» puis au «Funambule»,
On envisage la fin de vie et les bulles
D’air ou d’espoir sortent des bouches incrédules
Qui jugent de la morale et des conséquences
D’un acte conscient de définitive absence.
Les caractères se dévoilent, éclatent au jour
Quand l’aïeule décide d’aller faire un tour
En Suisse, Aller pas si simple, sans Retour.
Comment, «ceux qui restent», expriment-ils leur amour ?
Une fine analyse aux racines complexes,
Se greffe à l’incurable maladie, prétexte
À ouvrir les cœurs, les pensées et les réflexes.
Une mise à l’épreuve des nerfs écorchés,
Dans cet écrit approfondi, fort bien torché.
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«Matin Brun». D’après le texte de Franck Pavloff. Écriture, Adaptation, Mise en scène Pauline Marey-Semper. Collaboration Clémentine Moser. Interprétation Jules Cellier, François Chary, Manon Simier. Par la «Compagnie Demain Existe». (Avignon, 25-07-2023, 18h05)★★
Une douloureuse nouvelle
Qui résume à fond les querelles
Sombres d’une sinistre époque
Où les valeurs tombent en loques.
L’intense «Espace Alya» accueille
L’espoir et les pensées en deuil.
«Les autres couleurs ne servent à rien. Le brun»,
Uniformément seulement, sinon ça craint.
«Je n’avais pas le choix», réponse inacceptable,
«C’est pas si grave» et ils se mettent tous à table
Dénonçant à tout va ce qui paraît instable.
«On aurait dû dire NON, mais ça va si vite» !
Tout s’enchaîne ; à dire ses griefs, on évite.
Égoïsme et lâcheté
Perfusés dans du pâté
Canin, sans saveur, raté.
Dans le bestiaire des autruches et des moutons,
Leur attitude unique donne des boutons
De fièvre au pus brunâtre
Et au douteux goût âcre.
Ce texte court, dense, d’une force incroyable,
Nourrit les neurones et chasse l’intolérable.
Il se prête à tous les jeux d’interprétation
Et secoue le nauséabond par son action
Ouvrant la voie à de solides réflexions.
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«Loin de Garbo». Épopée musicale de swing et d’exil. Texte Sigrid Baffert. Musique Alexis Ciesla. Mise en scène Mélina Prost. Distribution : Lisa Favre (chant), Quentin Degeorges (clarinette), Adrien Philippon (clarinette, clarinette basse), Joakim Ciesla (saxophone), Anaïs Poingt (vibraphone, violon, mélodica), Xavier Nuñez Lizama (contrebasse), Romain Montiel (batterie, guitare). Par le «Collectif de l’Autre Moitié». (Avignon, 25-07-2023, 16h25)★★
C’est la fête à Garbo où l’on marie Greta
En grande pompe orchestrale qui agita
Tout le village du Off et l’«Espace Alya».
«Manteau, aussi lourd que la mémoire des hommes,»
«Tissé avec les racines des âmes» en somme.
Ils s’éloignent de Garbo
À bord d’un vieux paquebot.
Ils emportent en leur exil
De la couture et du fil
Pour fabriquer l’opérette
Et vivre de ses recettes.
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«Deux Frères». Écriture, Interprétation Renaud Merviel. Et avec Julien Goetz. Mise en scène Déborah Kray. Par la «Compagnie Les épris de courts» et «A360». (Avignon, 25-07-2023, 14h20)★★★
C’est «l’acharnement et la régularité»
Des coups qui caractérisent «la maltraitance».
Ça se répercute sur la scolarité
Quand se déchaîne la paternelle violence.
La force des enfants battus est décuplée,
Pour se défendre, ils s’apprêtent à tout dépeupler.
Comment se reconstruire à l’issue des râclées
Qui ont engendré une existence bâclée ?
À la «Factory, Chapelle des Antonins»,
Les «Deux Frères» ne voient plus le bout du chemin.
Pourquoi l’un et pas l’autre, c’est à découvrir
Sous les touches du piano servant à ouvrir
Les confidences et secrets sous d’odieux écrins.
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«Les Parallèles». Création Alexandre Oppecini. Interprétation Marie-Pierre Nouveau, Benjamin Wangermée. Par la «Compagnie Spirale». (Avignon, 25-07-2023, 12h15)★★
«Un point d’intersection», entre des «parallèles»,
Est-ce possible ailleurs qu’en l’espace irréel ?
Comique qui réside en la dissociation,
Décalage des diverses situations.
«Entrer en collision avec les trajectoires»
«Des autres», serait une première victoire.
«Leur parenthèse» entre deux possibilités
Se fraye un chemin qu’il leur reste à «inventer».
Une bluette pleine de subtilité
Dans un parcours de combattant pour se tester.
Un savant calcul où les points d’interférence
Entre une hyperbole
Et la parabole
S’entrechoquent dans une boum de «La Scala»,
Au croisement de quelques électriques pas.
Texte rondement mené en circonférence
Aléatoire pour servir de référence,
De point de départ à certaines conférences
Qui se tiendraient dans de bizarres circonstances.
Si tout n’était qu’affaire de coïncidences …
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«Évidences inconnues». Texte, Mise en scène, Interprétation Kurt Demey. Musique, Jeu Joris Vanvinckenroye. Et avec Peter Michel. Collaboration artistique Cédric Orain. Par la «Compagnie Rode Boom». (Avignon, 24-07-2023, 21h55)★★
Un spectacle plein de surprises
Et sur lequel on peut compter
Jusqu’à l’infini des reprises
Qui, de tout, vous feront douter.
Au «Onze», les nombres domptés
Se multiplient et vous défrisent,
Agitant les cellules grises.
Envie d’être un peu envoûté ?
De la magie qui vous dégrise,
Et que l’on désire goûter !
Laissez-vous surprendre et tentez
La nouveauté qui électrise.
De l’«inconnu» qui souffle en brise
Et qui va longtemps vous hanter.
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«Grosse !» Écriture, Interprétation Sylvie Debras. Mise en scène Mélanie Manuélian. Par la «Compagnie Bayadelle». (Avignon, 24-07-2023, 19h35)★★
C’est l’alphabet des émotions qu’elle énumère
Sur l’échelle de la diététique éphémère.
«Elle grossit pour conjurer l’inacceptable».
Elle ne peut s’empêcher de se mettre à table
Même si sa goinfrerie la rend détestable
À ses yeux. Dans son écriture redoutable,
Elle conjure le sort
Et à pleines dents y mord,
Laissant quelques cicatrices
Qu’elle soigne en tant qu’actrice.
«La vie de grosse, c’est un énorme gâchis»,
«Alternance d’euphorie et de sentiment»
«D’échec». Le refuge est au creux des aliments.
Plus elle en consomme et plus elle s’avachit.
«Espace Alya», spectacle qui a de la classe !
«Vivre dans l’allégresse et en état de grâce»,
Voilà ce à quoi elle aspire dans son for
Intérieur et sa conscience en gros désaccord.
Elle «déclare la guerre à son propre corps»
Et son conflit, sur scène, éclate en termes forts.
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«Lennon et Mac Cartney». Théâtre musical. Écriture Germain Récamier. Mise en scène Camille Broquet. Interprétation Zuriel de Peslouan, Régis Lionti. (Avignon, 24-07-2023, 18h00)★★
John Lennon et Paul Mac Cartney règlent leurs comptes
Dans une petite comédie qui raconte
Les querelles
Passionnelles
Du prestigieux quatuor
Qui amoncela tant d’or.
Entre tentatives de réconciliation
Et prises de bec avec belle ostentation,
On aimerait entendre un peu plus de chansons
Pour emplir l’«Akypik» d’inoubliables sons
Que les Beatles ont arrangés à leur façon.
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«En cas de péril imminent». Texte, Mise en scène, Interprétation Jérôme Rouger. Co-mise en scène Patrick Ingueneau. Par la «Compagnie La Martingale». (Avignon, 24-07-2023, 15h10)★★
Un chant de transe
Marque l’outrance
De ceux qui pensent
Avec leur leur panse.
«Faut-il continuer à faire des spectacles»
«En cas de péril imminent ?» quand on nous tacle …
«Même dans le fin fond de ma prison mentale»
«Je peux rire», même si cela est fatal.
Par l’absurde, tenter de résoudre un problème
Qui, à tout remettre en question, souvent le mène,
Au «Théâtre Onze», Jérôme se démène
Pour nous proposer une vie un peu moins blême.
Il se joue du farfelu et du dérisoire,
Nous entraînant sur le fil ténu du rasoir
Qui tranche à vif dans tout ce qui est illusoire.
D’un côté les doutes et de l’autre naît l’espoir.
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«Giono – Paysages, visages». Adaptation, Interprétation Paul Fructus. Par la «Compagnie Le Temps de Dire». (Avignon, 24-07-2023, 13h15)★★★
«Les rivières et les sources sont des personnages»
Vivants qui constituent un mouvant paysage.
«Petit Louvre», Fructus fait bruisser les feuillages
Et l’on sent vibrer les mots s’échappant des pages.
«Couper un bout de langue pour ne plus chanter»
«De cantiques», était une pratique courante.
Passant de villages en hameaux, désenchantés,
Ils poursuivaient désormais leur démarche errante,
L’harmonica soufflant leur parole haletante.
Une bête de scène conte la nature
Qu’il fait revivre en trois chapitres de culture.
Construction intéressante, sans fioritures,
D’un crissement d’aile fracassée de murmures.
Béatrice Chaland / b.c.lerideaurouge
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«La Pleurante des rues de Prague». Texte Sylvie Germain. Adaptation, Conception, Jeu Claire Ruppili. Par la «Compagnie Un Peu de Poésie». (Avignon, 24-07-2023, 11h20)★★★
Bruissent «les pages blanches en attente de mots» …
Le vent souffle l’encre immolant de vastes flots
D’une écriture invisible chargée de maux.
«Corps de larmes et de mémoire» issues du ruisseau.
Au «Théâtre des Vents» s’abrite le poème
Longuement mûri dans la pénombre qu’il aime.
«Un sanglot retenu, d’une infinie douceur»,
Sombre et s’incruste à travers le lit de douleur.
Vision immatérielle
De larmes éternelles,
C’est «la géante femme de brume et de boue»
Que traverse l’envol d’un cygne au très long cou.
Béatrice Chaland / b.c.lerideaurouge
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«Le Bestiaire de Madame Arthur». Spectacle musical. Mise en scène, Direction artistique Clara Brajtman. Interprétation Androkill, Charly Voodoo, Diamanda Callas, Lola Dragoness Von Flame. Piano Tony Blanquette. (Avignon, 23-07-2023, 23h05)★
«Moments de théâtre de l’absurde» où le lion
Affûte ses crocs sur l’esprit de rébellion.
Sorte de corrida occultée et bovine
Qui leur donne envie de se lécher les babines.
Leur animalité, par les naseaux, fulmine
Quand le taureau pris par les cornes se débine.
Jouant, tour à tour, la paonne ou la lapine,
Toute la basse-cour s’ébat et se dandine.
La sirène nous lance une œillade assassine,
Clouant au sol les rivales qui se mutinent.
Au «Roi René», leurs voix enjôleuses et coquines
Cherchent leurs proies que pour un temps elles dominent.
Soudain douces et câlines,
Leur nature sanguine
Peut devenir mesquine.
Hautaines, elles ruminent
Puis se montrent félines,
Vous passant la corde au coup de façon mutine
En vous pianotant une comédie divine.
Béatrice Chaland / b.c.lerideaurouge
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«Presque un cri». Chansons de Vladimir Vissotsky. Interprétation Lise Martinet Valentin Vander. Mise en scène Yéshé Henneguelle. Par la «Compagnie Contrepied». (Avignon, 23-07-2023, 20h45)★★★
«Visionnaires et inspirés», en terre couchés,
«Ont, en remerciements, fini sur le bûcher».
Au théâtre «Pierre de Lune», sans rancœur,
«Une étoile perdue est tombée dans mon cœur».
Une voix dure et rocailleuse sort de terre,
Quand l’autre s’enroule en liane surgie de l’enfer,
En trémollos tournoyant sombrement dans les airs.
«La haine veut remplacer nos chansons» d’hier.
Un récital engagé qui casse la glace ;
Textes originaux et profonds qui trouvent grâce
Dans cette écriture qui déchire l’espace.
«C’est les oiseaux, jamais les balles»,
«Qu’on arrête en plein vol» fatal.
Béatrice Chaland / b.c.lerideaurouge
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