Sophie, forte de son expérience scénique,
Démarre en fanfare sur musique filmique
Qui entraîne plein champ en labeur labouré.
Repas de famille où les mots vont débourrer
Les situations latentes
Où ils sont tous en attente
De mises au point véridiques, très stratégiques.
Rencontre de travail, construire un personnage …
Dans un huis-clos qui les met en transe et en nage.
Condamné à faire la paix avec ses proches
Dont il s’est éloigné ; ce n’est pas dans la poche.
L’enjeu du psychodrame qu’ils reconstituent
N’a plus rien d’un jeu car les mots blessent et puis tuent.
Alternance de fiction et réalité
Où le scénario s’étire et reste alité
Dans une respiration qui tient en haleine,
Faisant bondir un yoyo entre amour et haine ;
Gaieté factice, rires forcés sur la peine.
En suivant le cours de la rivière et du flot
De paroles noyées dans l’incompréhension,
On s’attache à démêler le vrai du faux lot
De situations où les acteurs sous tension
Mettent et dévêtent leurs habits de paranos.
Pleurs contraints,
Sept contre un,
Tour à tour, ils se déboutonnent et passent à table,
Se foutant psychologiquement sur le râble.
Entre répétitions
Et manipulations,
L’épuisant «jeu de rôles»,
Une tragédie, frôle.
C’est le Monopoly
Du bluff et de la vie
Où demeurer poli
S’avère un vrai défi.
Leur forte interprétation théâtralisée
Écharpe à vif les êtres ridiculisés,
Perce à jour le côté sombre, banalisé.
Puissant film sincère pour dédramatiser.
Ça tient bien la route, même quand ça déraille,
Les fils conducteurs restent parallèles aux rails.
Ça tourne comme le porcelet sur sa broche
Quand leurs esprits fragiles et torturés s’embrochent.
Béatrice Chaland / b.c.lerideaurouge