Mue par la nécessité de sculpter, créer,
Faire surgir de la pierre de réelles beautés,
Camille se rend chez Rodin, non par hasard,
Mais parce qu’il « est vraiment le seul qui fasse de l’art ».
« La sculpture est le besoin de toucher » des doigts
La matière, dure ou friable, que l’on voit.
A « La Folie Théâtre », C’est la sienne qu’elle
Vit cloîtrée. Trente ans qu’on lui a brisé les ailes.
C’est sa grande œuvre, taxée d’immoralité,
Qui lui vaut sa réputation carbonisée.
Son génie fait peur, n’étant pas aseptisé ;
On voudrait la plonger dans la banalité.
C’est dans une mise en scène de glaise et d’eau
Que se perd Camille, la tête dans le seau.
Lovée sur elle-même, son esprit fuse encore
Et c’est le harcèlement d’autrui qui la dévore.
L’amour fuit, son courage et ses forces l’abandonnent ;
Pourtant, dans son travail acharné, elle se donne.
Sans argent, et aussi sans considération,
Elle s’étiole en proie à la sidération.
La comédienne s’entoure de deux acteurs
Qui la soutiennent d’un regard admirateur.
Christine joue d’une manière déchirante,
Sur le fil du rasoir, peu à peu délirante.
Son être envahi par la fièvre galopante,
Elle est hantée par des visions toutes tremblantes.
Une interprétation juste, forte et troublante,
Dans le respect de cette Femme d’exception
Qui a su exacerber toutes les passions.
A Camille Claudel,
Elle reste fidèle.
Béatrice Chaland /b.c.lerideaurouge